J’ai rencontré cette belle citation au cours d’une de mes lectures actuelles.
Elle me semble bien mettre en relief une différence fondamentale du locuteur plurilingue par rapport au locuteur monolingue. Il n’est pas uniquement ici question de ressources linguistiques dont ce locuteur disposerait, mais plutôt des ressources symboliques que sa (plus ou moins grande) connaissance de plus d’une langue met à sa disposition pour une compréhension plus approfondie de soi-même et des autres.
L’auteure se situe donc bien loin de la « simple » valeur instrumentale des langues qui seule semble (pré)occuper les débats sociétaux actuels, y compris celui sur le tout-anglais. Elle aborde des problèmes tels que l’assignation de signification, la compréhension (de soi, des autres, des événements), la réflexion critique, le réexamen de croyances et d’idées communément admises…
Soulignons que, dans cette optique non marchande, toutes les langues se valent : aucune n’est supérieure aux autres (langues de la migration, régionales, minoritaires, déterritorialisées, aborigènes, en danger … à côté de langues nationales ou internationales). Et il n’y a pas de bilinguismes ou de plurilinguismes plus … payants que d’autres.
Mais laissons la parole à Claire Kramsh.
Speakers who learn, speak, or write more than one language have additional symbolic resources through wich they give meaning to things, persons, and events. If, according to Foley, culture is symbolic action, that is, « a system of publics meanings encoded in symbols and articulated in social action in particular places and with particular histories and times » (Foley 1997: 16 -17), then multilingual subjects have multiply embodied understandings of social reality and a broader and more varied range of options than others to act on these understandings. Ultimately, they have the choice of foregrounding either their familiarity with the dominant language, or they multilingual sensibility. If they focus with the latter, their broader and more complex understandings of people and events can increase their opportunities for reflection on self and others and for reappraisal of commonly held assumptions and beliefs.
KRAMSH, C. (2009): The Multilingual Subject, Oxford, Oxford University Press (Kindle edition)
La citation de Foley est tirée du texte suivant:
FOLEY, W.A. (1997): Anthropological Linguistics : An Introduction, Oxford: Blackwell.