Les prises de position par rapport au plurilinguisme (incluant le bilinguisme) se font souvent – et façon tout aussi véhémente – soit (minoritairement) dans le sens de l’opposition soit (majoritairement) dans celui de la valorisation. Comme si monolinguisme et plurilinguisme étaient porteurs de valeurs fondamentalement opposées.
Ainsi voit-on fleurir les écrits et les discours qui vantent les avantages multiples du plurilinguisme et laissent dans l’ombre de l’implicite le handicap que constituerait le monolinguisme. Ce qui a pour effet de susciter l’irritation de ceux qui, locuteurs ou chercheurs – soient se percevant plutôt comme monolingues (mais pas, pour autant, handicapés), soient ne partageant pas certains enthousiasmes en faveur du plurilinguisme – prennent décidément position contre ces discours apologétiques.
Il importe de sortir de cette dichotomie et d’envisager la question différemment, de façon beaucoup plus nuancée. Mais pour ce faire, il faut se dépouiller de certaines fausses certitudes et a-priori.