Archives pour la catégorie politique linguistique éducative

VDA – Réforme (bi-/plurilingue) de l’école (6)

Acte final

Sortir du silence. Il le faut. Le silence est protecteur : la parole coute. Elle coute d’autant plus par ces temps où elle est brimée, censurée, vilipendée. Ou tout simplement, et c’est peut-être pire encore, non écoutée.

C’est de mon devoir d’écrire ce billet pour les Valdôtains peu nombreux qui peuvent lire ce blog, pour mes collègues enseignant(e)s, pour les jeunes élèves, plus généralement pour ma région. En défense du français aussi.

Les Adaptations des programmes nationaux (dorénavant, Adaptations) ont été approuvées et sont actuellement « expérimentées » dans les premières classes de chaque niveau scolaire.

A la demande du groupe minoritaire (ALPE et Movimento Cinque Stelle), que je remercie ici pour la confiance qu’il a eue en moi, j’ai été nommée par le Conseil Régional parmi les représentants de la Commission mixte État-Région selon ce qui est prévu par l’article 40 du Statut spécial d’autonomie.

Par déontologie, je ne relaterai pas les paroles des autres représentants et présents. Par devoir de transparence, j’expliciterai la mienne.

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VDA – Réforme (bi-/plurilingue) de l’école (5)

PRENDRE EN COMPTE LES RESULTATS DU PROFIL DE POLITIQUE LINGUISTIQUE ÉDUCATIVE

En 2006, le Val d’Aoste a demandé au Conseil de l’Europe un Profil de la politique linguistique éducative. Il s’agit d’une action que le Conseil de l’Europe offre aux États membres, à des régions ou à des villes pour qu’ils puissent auto-évaluer leur politique linguistique éducative selon les principes et orientations de cette institution pour ainsi la faire évoluer dans ce sens. C’est de ce qui est ressorti de cette action auto-évaluative du système d’enseignement bi- et plurilingue du Val d’Aoste qu’il sera question ici.

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VDA – Réforme (bi-/plurilingue) de l’école (4)

QU’IL SERAIT TOUJOURS SAGE DE NE PAS RECOMMENCER A ZÉRO

Ce texte évoquera une série de travaux élaborés par l’ancien IRRE-VDA, à la sortie des Indicazioni Nazionali, en vue de leurs adaptations selon ce qui est prévu – « du fait des nécessités locales » – par les articles 39 et 40 du Statut spécial d’Autonomie de la Région Vallée d’Aoste .

Les temps paraissaient mûrs à l’époque pour débuter une réflexion collective qui pouvait aboutir à un débat social élargi avant l’adoption de nouvelles adaptations. Pour se donner surtout le temps d’approfondir la réflexion, de créer – autour de propositions diverses et concrètes – un consensus social, pour ne pas devoir improviser des solutions de dernière minute, pour offrir au décideur diverses possibilités sur lesquelles exercer son devoir de décision. Étaient-ce aussi les raisons pour laquelle l’Assesseur régional de l’Éducation et de la Culture de l’époque avait confié cette tâche, parmi d’autres, à l’IRRE-VDA?

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VDA – Réforme (bi-/plurilingue) de l’école (3)

POLITIQUE LINGUISTIQUE ET POLITIQUE LINGUISTIQUE ÉDUCATIVE

Jusqu’ici il a été question de politique linguistique éducative – c’est-à-dire des choix qu’il est possible de faire pour l’enseignement de et en langue(s) à l’école. Il est grand temps que l’on montre les liens forts qui devraient exister entre les politiques linguistiques générales et les politiques linguistiques éducatives.

Car il est fort tentant d’imaginer que les premières se résument aux secondes. Ce qui est très dangereux puisque souvent on est amené à s’attendre de l’école qu’elle résolve tous les problèmes de la politique linguistique générale. Or une politique linguistique éducative n’est qu’une des mesures, certes parmi les plus puissantes, d’une politique linguistique générale, dont, cependant, elle ne suffit pas à elle seule à atteindre tous les objectifs.

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VDA – Réforme (bi-/plurilingue) de l’école (1)

TOUT SAUF UNE BAGATELLE

Le Val d’Aoste s’apprête, enfin, à réformer, sur la base des programmes nationaux, ses programmes scolaires (Adaptations) qui datent de 1984 pour l’école de l’enfance (31 ans), de 1988 pour l’école primaire (27 ans) et de 1994-95 (20 ans) pour l’école secondaire du premier degré. Pour compléter le tableau, rappelons que le chantier de la réforme bilingue à l’école secondaire du deuxième degré n’a jamais vu le jour, malgré divers comités à ce préposés. La puissance publique ne semble pas avoir été prise dans le temps d’une rage réformatrice dans le domaine scolaire.

Cette réforme représente, donc, une occasion qu’il ne faudrait pas rater car c’est la politique linguistique éducative de l’avenir qui se dessine, entre autres, pour les générations futures. Il ne s’agit nullement d’une phase « banale », d’une réformette entre autres, réalisée entre quatre murs ou entre professionnels de l’éducation. En agissant en catimini. Sans soulever des vagues. Sans surtout provoquer des manifestations dans les rues comme à l’occasion de la réforme de l’examen d’État, dont on sait que les hommes-femmes politiques gardent un souvenir terrifié.

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Et pourquoi pas les langues régionales?

Le psycholinguiste Daniel Gaonac’h a donné comme titre au paragraphe que j’ai cité dans mon  post précédent : Le breton pour tous?

Mais il confesse :

Une première version de ce paragraphe était intitulée « Mais pourquoi donc l’anglais? »

Quelle est donc sa proposition alternative?

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L’anglais à l’école élémentaire

A un moment où le débat fait rage en France autour de la question de l’anglais comme vecteur d’enseignement dans les établissements d’enseignement supérieur (par rapport auquel j’ai déjà pris position ici même), je suis tombée, au cours d’une lecture, sur un passage fort intéressant qui peut fournir de solides arguments psycholinguistiques en faveur d’un report de l’étude de l’anglais au-delà de l’école primaire.

Je soumets volontiers la citation ci-dessous à la réflexion de qui voudra. Surtout à l’intention des Pays qui seraient tentés par le « tout-anglais » et tout particulièrement de ceux, dont le mien, l’Italie, qui ont déjà succombé à la tentation du choix du seul anglais introduit précocement à l’école élémentaire. Parce que « non è mai troppo tardi » pour revenir sur les erreurs faites …

Les linguistes s’accordent  […] à considérer que l’anglais est une langue très difficile, et que rien (sinon son poids économique) ne peut justifier qu’on en fasse la langue privilégiée pour un enseignement précoce. Le psycholinguiste sait de plus que l’anglais est une langue particulièrement confuse pour ce qui concerne la correspondance grapho-phonologique :

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Educations plurilingues – L’aire francophone entre héritages et innovations

Ouvrage collectif fraîchement publié sous la direction de Danielle Omer et de Frédéric Tupin aux Presses Universitaires de Rennes.

Education plurilingueCet ouvrage présente les spécificités d’un contexte éducatif plurilingue et francophone sur des publics scolaires dont le répertoire linguistique premier n’est pas produit comme langue d’enseignement à l’école. Enrichi par plusieurs études, basé sur des espaces géographiques diversifiés balayant l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Afrique et des temporalités étendues, il offre des perspectives sur les politiques linguistiques éducatives qui oscillent entre la poursuite du statu quo hérité et la prise en compte des répertoires linguistiques des élèves. (Texte de la présentation éditoriale)

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Espaces scolaires et plurilinguisme

Une nouvelle publication en ligne du Groupe d’Étude sur le Plurilinguisme Européen (GEPE) de l’Université de Strasbourg vient juste de sortir : c’est le n° 5, avec le titre de ce post.

J’y ai écrit un article (cf. prochain post).

Politique linguistique et démocratie participative

Il est des moments où la sauvegarde d’une langue est assumée et assurée par ses locuteurs, par leurs luttes et leur militantisme, dans un mouvement du bas vers le haut (bottom – up). Ce sont des moments d’exaltation et d’enthousiasme, d’activisme et de revendications, de vitalité et d’espoir.

Il est d’autres moments où la langue devient l’otage des politiques, leur champ de bataille privilégié, qu’ils soient d’un camp ou d’un autre. Pour des enjeux autres que la langue et que ses locuteurs. C’est le mouvement opposé du haut vers le bas (top – down) : souvent celui de l’imposition, de la censure, de l’absence de discussion et de négociation. Ce sont les pires moments pour une langue et ses locuteurs.

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