Il faut – tôt ou tard – dire d’où on vient.
Le village où je suis née s’appelle Courmayeur (cliquez ici pour quelques informations en italien). Station touristique de plus en plus renommée, elle a eu droit récemment à un article très élogieux dans les pages du Monde (« Courmayeur, station d’attitude » (sic), 7 mars 2013) où j’ai eu quelque mal à reconnaître ce qui fait pour moi la beauté de mon lieu natal.
Courmayeur ne s’est pas toujours appelé ainsi, mais Auri Fodinae à l’époque romaine, Curtis Mayor au moyen âge qui a donné lieu à Courmayeur. L’assonance trop française a déplu à l’époque fasciste : on pensa bien l’italianiser dans un cacophonique Cormaiore, redevenu ensuite, après la deuxième guerre, Courmayeur.
OUF, direz-vous.
Eh beh non, ce n’est pas terminé. On propose maintenant de changer encore son nom en Courmayeur Mont-Blanc. Proposition du Président actuel du Gouvernement, accueillie avec enthousiasme et à l’unanimité par le conseil communal. La population aura le dernier mot : elle s’exprimera par un référendum.
Je n’ai rien contre le Mont-Blanc. C’est tout le contraire: c’est ma montagne fétiche, c’est ma montagne magique.
Mais je suis loin d’apprécier la marchandisation (la commodification, dirait-on en domaine anglophone) que sous-tend cette opération de politique linguistique qui ne dit pas son nom. Cet accolage de ces deux noms n’est en réalité qu’un subterfuge commercial, la création d’un slogan publicitaire pour attirer plus de touristes encore. Or les temps des slogans creux sont révolus : en ces temps de crise, le tourisme et ses stratégies mériteraient d’être repensées de fond en comble et de faire l’objet de politiques sérieuses, pondérées et profondément respectueuses du territoire et des gens qui y vivent toute l’année.
Avec tout le matériel en français sur Courmayeur présent en ligne, un seul lien en italien… En tout cas, en tant que Valdôtain je partage votre avis, je souhaiterais vraiment que Courmayeur échappe le sort réservé à Chamonix-Mont-Blanc, pour éviter des répercussions telles que Valtournenche-le-Cervin, ou Gressoney-Mont-Rose (vu que tôt ou tard les deux Gressoney seront unifiés)..